Imaginer une forêt du souvenir ?
- Pierre Guillery

- 26 mai 2023
- 3 min de lecture
Un lieu de repos pour animaux familiers sur la colline de Castille, dont les revenus permettraient de l'entretenir pour les années à venir.

Protéger la colline sur le long-terme
Je me dis souvent qu'il faudrait trouver un moyen de protéger la colline. Parce qu'un de ces jours elle pourrait bien être ouverte à plus de monde, perdre son caractère discret. Déjà des motards se sont invités sur le Plateau, où ils ont commencés à défigurer la prairie. Il a fallu leur demander de quitter les lieux. Il faudrait faire quelque chose…
Une idée venue d'Allemagne
C'est Peter Wohlleben, le forestier fameux qui a écrit La vie secrète des arbres, qui a repris à son compte l'idée de collègues qui avaient commencé à enterrer des urnes funéraires en Forêt-Noire. Lui cherchait un prétexte, un moyen de protéger une forêt de vieux hêtres menacés de coupe rase, en lui donnant une âme. Il a embrassé l'idée. Pour ne pas perturber la nature, aucune nouvelle route, aucune exploitation. Les arbres reçurent chacun une petite plaque en métal avec un numéro, et sur chaque tronc, une autre petite carte pour indiquer les noms des personnes. Ca a marché. Depuis des centenaires de forêts cinéraires ont été créées en Allemagne. Pas encore en France.
Pour les animaux
Il y a 4 ans quand j'ai retrouvé le corps de mon chien Farouk, renversé par une voiture sur la départementale, j'ai été désemparé. Choqué, chagrin, incompréhension. Puis confusion, que faire ? Décision hâtive ; il fallait bien. J'ai déposé mon chien, mon ami, je l'ai balancé en fait, dans la ripisylve (la forêt sur les bords d'une rivière). Avant, pour moi le sujet n'en était pas un. Maintenant j'ai compris. Farouk était un chien, mon chien, à la fois juste un chien et un bon ami à moi. Quand je passe non loin la rivière, souvent je pense à lui. Mais ce n'est pas confortable. C'est furtif. J'aurais aimé pouvoir répandre ses cendres, ou les enterrer. Pas son corps, c'est angoissant. Juste les cendres, c'est plus doux. Pour y retourner paisiblement.
Selon une enquête de 2020, 82 % des propriétaires considèrent leur animal comme un membre de la famille. Je comprends. En France les cimetières animaliers existent mais sont peu nombreux. Il y en a une centaine en France. Le plus fameux est celui d'Asnières-sur-Seine, proche de Paris. Des communes réfléchissent à la création de cimetières dédiés, afin d’accéder aux demandes de leurs administrés en deuil de leur animal. De plus en plus de propriétaires d’animaux domestiques (plus de 700.000 par an en France) choisissent l’incinération. Mais certains hésitent car ils apprécieraient un lieu de recueillement, et ils pensent que seule une sépulture le permettra.
Faire d'une pierre deux coups
Rêvons. Pourquoi ne pas emprunter l’idée de Peter Wohlleben, la faire "rebondir" pour les animaux - et créer une forêt du souvenir sur une partie de la colline de Castille ?
Où les urnes contenant les cendres pourraient être enterrées au pied des arbres, ou simplement dispersées dans une zone délimitée. Dans une forêt privée. Les gens pourraient envoyer les cendres sans forcément se déplacer, puis venir plus tard. Des concessions, en quelque sorte. Les revenus générés permettraient d’entretenir la colline sur le long-terme, d’une manière pérenne – peut-être payer le salaire d’un garde-forestier ou d’une guide qui y feraient découvrir la Nature en libre évolution ? Ainsi la forêt serait préservée, protégée. Pas d’exploitation, plus de motocross, des sentiers balisés.
La sérénité en somme. Pour les arbres, les animaux, leurs maîtres. Pour des années. Qui sait…

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